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Implants mammaires en polyuréthane : effet de mode ou réelle innovation ?

Implants mammaires polyuréthane

Les prothèses en polyuréthane furent conçues en 1955, par PANGMAN, avant les prothèses de seins en gel de silicone qui firent leur apparition en 1962 (CRONIN – GEROW). Elles remplacèrent très vite les autres implants du marché, grâce à leur simplicité d’utilisation plus importante.

Néanmoins, le pourcentage de coques apparaissant suite à une augmentation mammaire recourant à ces prothèses en silicone était élevé (environ 30%). Pour rappel, la coque mammaire est liée à un épaississement et à une contraction de la capsule fibreuse que l’organisme fabrique naturellement autour de l’implant introduit dans la poitrine.

En 1970, un modèle de prothèse mammaire en silicone recouverte d’une mousse de polyuréthane est conçu par ASHLE et mis sur le marché. En comparaison, le pourcentage de coques apparaissant suite à la pose d’une prothèse en silicone et de ce nouveau type prothèse en polyuréthane mena à une diminution considérable de celles-ci en faveur de la dernière. C’est ainsi que l’usage des prothèses mammaires en polyuréthane connut un réel essor dès 1980, avec la fabrication de nouveaux implants recouverts de polyuréthane (MEME-REPLICON) et ce, jusqu’en 1990.
En 1990 en effet, leur progression fut stoppée par l’annonce d’un risque sanitaire potentiel, lié à la dégradation de la mousse de polyuréthane qui libérait un toluénédiamine, produit chimique connu pour être cancérigène chez l’animal (étude de la FDA de 1989).
Depuis, de nombreuses études scientifiques ont conclu à un risque cancérigène très limité et non quantifiable et les implants mammaires en polyuréthane ont été ré-autorisés dans les années 2000.

Les implants en polyuréthane sont de nouveaux disponibles et présentés parfois comme LE CHOIX idéal pour l’augmentation de la poitrine – Aussi, quels sont leurs avantages et inconvénients notamment, par rapport à la nouvelle génération de prothèses en silicone ?

Composition & avantages d’une prothèse mammaire en polyuréthane

Comme toutes les prothèses mammaires, un gel de silicone cohésif est contenu dans une enveloppe d’élastomère de silicone, multicouches. Dans le cas des prothèses mammaires en polyuréthane, une membrane de mousse de polyuréthane recouvre toute la face externe de l’enveloppe de silicone.

Avantage n°1: réduction du nombre de coques mammaires

Pour avoir utilisé ces implants sur plus d’une centaine de patientes entre 1985 et 1990, mon retour d’expérience à leur sujet converge avec celle de la quasi-totalité des chirurgiens plasticiens, à savoir, un risque de coque mammaire considérablement diminué. A cette époque, le pourcentage de coques mammaires était estimé entre 20 et 30% des cas, notamment à cause de des gels de silicones trop « liquides » qui pouvaient transpirer au travers de l’enveloppe et induire une réaction inflammatoire, à l’origine du phénomène de coque. Grâce à la couche de polyuréthane étanche, ce risque tombait à moins de 5%.
Cette diminution considérable du risque, s’explique par la différence de constitution de la capsule fibreuse qui se forme autour d’un implant mammaire :

  • Autour d’un implant « classique » la capsule est formée de fibres de collagène qui se disposent de façon circulaire et parallèle. Cette disposition concentrique favorise la contraction des fibres collagène à l’origine de l’épaississement et de la déformation de la capsule et donc du sein
  • La mousse de polyuréthane va « désorganiser » la capsule péri- prothétique qui ne va plus former une membrane unique mais un ensemble de micro-capsules empêchant ainsi l’organisation et la contraction des fibres de collagène et l’apparition de la coque

Avantage 2 : effet velcro et adhérence

Un autre avantage des implants mammaires recouverts de polyuréthane est l’adhérence de l’implant qui crée un effet « velcro » diminuant ainsi le risque de déplacement secondaire de l’implant.
Contraintes liées aux prothèses mammaires recouvertes de polyuréthane

  • L’introduction de la prothèse en polyuréthane est réalisée par voie sous mammaire (cicatrice dans le sillon sous mammaire). L’incision doit être également plus large car les implants mammaires en polyuréthane « glissent » très mal et sont difficiles à introduire
  • Il est recommandé de positionner l’implant derrière la glande mammaire (et non derrière le muscle) afin d’éviter que la glande glisse vers le bas, source de ptose mammaire à plus ou moins long terme
  • Les implants mammaires recouverts de polyuréthane doivent être de volume plus modéré que les implants classiques, pour obtenir un résultat naturel durable.
    Du fait de l’effet « velcro », le positionnement des prothèses mammaires en polyuréthane ne pourra être modifié suite à l’intervention d’augmentation de la poitrine.
    Lorsqu’un implant mammaire classique de fort volume est utilisé, il est fréquent qu’il paraisse « trop haut » au début. Grâce à une contention externe, l’implant va pouvoir se positionner naturellement dans les 4 à 8 semaines suivant l’opération. Ceci n’est pas possible avec un implant mammaire en polyuréthane qui reste fixé et lorsque la patiente désire une augmentation importante, les implants mammaires texturés classiques sont alors recommandés.

Indications pour les prothèses mammaires en polyuréthane

La principale indication dans le choix des prothèses mammaires en polyuréthane Vs ceux en silicone est la ré-intervention pour cause d’apparition d’une coque: lorsqu’une patiente a développé une coque après une première augmentation mammaire, un simple changement d’implant et l’ablation de la capsule ne garantissent pas l’apparition d’une nouvelle coque. Ainsi, les prothèses mammaires en polyuréthane avec leur pourcentage de risque de coques faibles, sont utilisées pour éviter la récidive chez ces patientes

Une autre indication concerne la correction des petites ptôses mammaires (seins pendants) par l’introduction d’implants coniques, recouverts de polyuréthane qui permet dans certains cas d’éviter une plastie / réduction mammaire, une intervention chirurgicale qui laisse des cicatrices. En effet, ces implants, très projetés en leur centre, permettent de soutenir la glande mammaire comme le ferait le piquet central d’une tente. Ceci, associé à l’effet « velcro » du polyuréthane qui va coller à la glande et au muscle, assurera une stabilité de la glande car la prothèse n’a pas tendance à glisser vers le bas.

Enfin, les prothèses mammaires en polyuréthane peuvent être proposées par le chirurgien à l’occasion d’une première augmentation mammaire, à des patientes souhaitant une augmentation modérée du volume des seins et acceptant le surcoût imposé par le prix plus élevé de ces implants.

» En conclusion

Fort de plus de 30 ans d’expérience en chirurgie de l’augmentation mammaire, j’ai été amené à utiliser tous les types et formes d’implants et je suis à même d’en connaître les avantages et les inconvénients.
Les prothèses mammaires en polyuréthane ne sont pas une nouveauté ni une innovation et les présenter comme le Saint Graal de l’augmentation mammaire moderne, à même de réaliser tous les désirs des patientes est un argument purement marketing. En effet, les implants mammaires en silicone texturés ont un risque de coque très faible, proche des modèles en polyuréthane. Ils présentent de surcroît une mise ne place beaucoup plus aisée, quel que soit le volume d’augmentation de la poitrine ciblé par l’intervention ainsi que la voie (sous-mammaire, axillaire ou via l’aréole du sein, …) où il sera introduit dans le sein (donc la localisation de la cicatrice).